Ceci est l’histoire d’une ville de la Côte-Nord. Les gens l’appellent la terre rouge, mais avec ses sept mois d’hiver, il serait mieux de l’appeler la terre blanche. C’est un lieu qu’on croit, à tort, bâti par deux peuples — un, blanc et l’autre, rouge. Pourtant, il y a toujours eu un peuple nomade qui suivant le cours d’eau courante et de déplacement des animaux saisonniers parcourait cette terre nordique depuis des millénaires.
Je ne nommerai pas cette ville, mais vous la reconnaitrez sans doute, car c’est en réalité une ville d’une renommée étonnante. Certains la disent oubliée, mais je pense qu’elle a été plutôt abandonnée. Mais comme ses occupants sont tous faits en durs, ils portent leur situation comme manteau d’hiver. C’est peut-être parce que le froid et la poussière s’y alternent comme le Yin et le Yang.
Cette fameuse ville, dans les années 50, a poussé de nulle part comme le champignon lorsque le monde a découvert la richesse de son sous-sol. Construite de toute pièce, elle fut une plaque tournante de l’économie du fédéral et de deux provinces — Québec et Labrador-Newfoundland. Les gens de tout continent chantaient la gloire de cette ville. Ils y entraient et retournaient la poche pleine de la richesse du sous-sol de cette terre.
Pourtant, à la veille de la pénurie de cette richesse, tous se sont sauvés en vitesse, à pas de lièvres poursuivis par un renard affamé. L’hôpital, l’église, les écoles et même des complexes sportifs tous furent rasés, voie même brulés sans gêne.
Aujourd’hui encore, cette ville est la vraie incarnation d’une ville fantôme avec des traces semblables à un lieu visité par une catastrophe naturelle. Et tout ce qu’y reste aujourd’hui, ce sont des traces des années de gloire et des carapaces de véhicules de services et de machineries lourdes parsemées comme l’ornement de fleur dans un temple hindou. Elle est pleine d’appartements et des maisons abandonnées par-ci et par-là avec un air de tristesse digne d’un oiseau sauvé d’une marée noire.
Aujourd’hui encore, cette ville est la vraie incarnation d’une ville fantôme avec des traces semblables à un lieu visité par une catastrophe naturelle. Et tout ce qu’y reste aujourd’hui, ce sont des traces des années de gloire et des carapaces de véhicules de services et de machineries lourdes parsemées comme l’ornement de fleur dans un temple hindou. Elle est pleine d’appartements et des maisons abandonnées par-ci et par-là avec un air de tristesse digne d’un oiseau sauvé d’une marée noire.
Ne parlons pas de ses lacs et ses montagnes artificiels car on est toujours abasourdi de constater que dans ce lieu qui célèbre sa nordicité par ses nombreux lacs et montagnes, les humains se sont aussi livrés à en créer d’autres. À regarder le nombre des montagnes de résidu minier dans chaque coin de ce territoire ou encore à observer des trous vertigineux créés lors de l’exploitation non réhabilitée, on se croirait au XVIIe de notre planète. Car, comment comprendre qu’au XXIe au Canada, on puisse encore entretenir un pareil degré d’abus de l’environnent ?
Si c’était dans un pays où Dieu était encore responsable de l’évolution du temps, on pourrait l’accuser, ou du moins, essayer de lui demander s’il a, par hasard, oublié les habitants de cette terre. Le pire c’est qu’il semble que les gouvernements ont, depuis longtemps, oublié cette population. Sinon, comment se fait-il que la ville ne soit visitée qu’au temps des élections ? Même des fermes sont visitées par des politiciens, au temps des élections, pourvu que cette visite leur rapporte quelques bulletins de plus aux urnes.
Pour mieux cerner jusqu’à quel niveau cette situation est dégradée, il suffirait d’observer même les œuvres d’arts de cette ville fantôme. On dirait qu’on a ressuscité un faux Picasso pour faire la caricature de ces peuples. Son bonhomme qui, selon moi, incarne le nouveau Priapus et sa structure en clou sans nom que des années de la photographier ont fini par me laisser avec la conclusion que la lucidité de leur auteur reste encore à prouver.
Je vous épargne le drame humain que subit cette ville, mais je ne pourrais pas finir sans souhaiter que la cause des habitants de ce territoire nordique soit prise au sérieux. Ils ne sollicitent pourtant pas que la protection de la terre mère et des infrastructures nécessaires pour sortir sa jeunesse de la situation de tiers-monde.