Le Christ n’a pas fondé les castes de disciples et d’apôtres avant d’appeler des personnes autour de lui. Au contraire, il les a choisis après les avoir appelés :
“À cette époque-là, Jésus se retira sur la montagne pour prier; il passa toute la nuit à prier Dieu. Quand le jour fut levé, il appela ses disciples et il en choisit parmi eux douze auxquels il donna le nom d’apôtres” (Lc 12, 12-13).
Le choix des apôtres était donc une réponse au besoin de la communauté de Jésus.
L’appel des diacres était aussi une réponse au besoin de la première communauté chrétienne.
“En ce temps-là, alors que le nombre des disciples augmentait, les croyants de langue grecque se plaignirent de ceux qui parlaient l’hébreu : ils disaient que les veuves de leur groupe étaient négligées au moment où, chaque jour, on distribuait la nourriture. Les douze apôtres réunirent alors l’ensemble des disciples et leur dirent : « Il ne serait pas juste que nous cessions de prêcher la parole de Dieu pour nous occuper des repas . C’est pourquoi, frères, choisissez parmi vous sept hommes de bonne réputation, remplis du Saint-Esprit et de sagesse, et nous les chargerons de ce travail.” (Actes 6, 1-3).
La vocation diaconale est aussi donc une réponse au besoin de la première communauté chrétienne de même que les autres ministères et responsabilités dans l’église.
Pourquoi donc, tout à coup l’Église s’est vue prise en otage par une vision autre que la vision fondatrice?
Certaines communautés ayant encore des vocations à la vie religieuse ou sacerdotale peuvent se croire à l’abri de ce dilemme. Mais qu’elles ne se fassent pas d’illusions car cette configuration actuelle est un défaut à purifier. L’Église comme communauté des croyants précède toute vocation et subsistera même à l’absence d’une forme de vocation, sauf si on continue de faire d’une vocation la fondation de l’église.
C’est donc une erreur de croire que l’ordination des femmes ou des hommes mariés vont sauver l’église. Et sans méconnaître l’importance de cette question, je voudrais seulement souligner que ce qui est plus urgent c’est de redonner d’abord l’Église à la communauté chrétienne. C’est elle la fondation de l’Église et on ne peut sauver la structure sans sauver sa fondation. Peut-être qu’une fois la fondation renforcée, on pourrait penser à ce qui est vraiment le besoin de l’Église d’aujourd’hui. On n’aurait peut-être même pas vraiment besoin de certaines formes d’engagement dans l’Église de demain.
Et qui sait si le besoin de l’Église de demain sera la présence des autres formes d’engagement et d’autres possibilités que service sacerdotal. Dans la structure actuelle, même si on ordonnait des anges, ils vont se perdre dans une structure trop cléricale et on se retrouverait dans la mêmeté.
Il y a aussi cette tendance de croire que les missionnaires venant d’ailleurs vont sauver l’Église d’ici. Sans vouloir minimiser l’apport des missionnaires venant du sud (car j’en fait partie), je suis convaincu que notre rôle ne sera pas de sauver la vocation religieuse et sacerdotale. Non! Nous pourrions accompagner l’Église pendant ce temps de transition. Nous pourrions avec notre expérience communautaire et ouverture à la pluralité des cultures aider l’Église d’ici à passer à la pluralité de dons de l’Esprit-Saint et à la complimentarité de la vie fraternelle. Mais croire que nous avons la baguette magique c’est vivre dans l’illusion et le déni.
Toutefois, l’impossibilité de sauver l’Église d’ici telle qu’elle est, n’est pas liée à l’incompétence des missionnaires d’aujourd’hui, comme certains sont portés à le croire. C’est peut-être parce que la structure actuelle est prouvée inadéquate.
Le chemin que l’Église est appelée à prendre est celle de la simplicité. C’est un chemin qui devrait nous ramener aux sources de notre communauté chrétienne. C’est un chemin qui mène au Christ et son évangile. C’est un retour à notre vocation baptismale. Et une fois que la communauté est refondée, les vocations sacerdotales et religieuses renaîtront selon le besoin de l’Église.