L’année passée, le Pape François avait convoqué un synode pour réfléchir[1] sur la situation de l’Église locale des diocèses d’Amazonie. Et, en toute humilité, il a voulu inclure l’Église universelle dans cette réflexion. Mais, ce que le Pape aurait peut-être ignoré, c’est que l’égoïsme a longtemps été christianisé dans nos sociétés.
Voici comment les mois qui ont précédé ce synode furent un moment d’épreuve pour la papauté de François. Dans divers milieux ecclésiaux se sont levées toutes sortes de spéculations sur les objectifs du pape François. Et, pendant que certains voyaient cela du bon œil, d’autres prenaient cela comme un affront à l’Église. Ainsi chaque camp s’est mis à se lancer la balle, ne se demandant pas ce que le Seigneur veut réellement pour l’Amazonie.
Et, quand le temps du synode fut finalement arrivé, le ciel s’est déchaîné, devenant une guerre des clans. Les progressistes ainsi que les conservateurs, oubliant le peuple d’Amazonie, se sont lancés dans la politique d’influence. Le camp des conservateurs[2] s’est même permis de traiter le peuple d’Amazonie de sauvages. Quelques prêtres de même que des laïcs twitteurs les ont pris en assaut en leur demandant de retourner dans la forêt. Ils se sont même pris à leur spiritualité[3].
Ainsi, lorsque ces « plus catholique que le Pape » bafouait les simples règles de respect, les autres jouaient une dangereuse carte de paternalisme. Certaines Églises plus progressistes se présentaient comme les défenseurs des Amazoniens. Ces derniers se passaient comme soutenant le projet du Pape François, alors qu’ils avaient évidemment leurs propres projets.
Ensuite, quelques jours avant la sortie du texte final de ce synode presque saboté, le pire était arrivé. Des théologiens et quelques autres figures emblématiques romaines sont encore allées plus loin afin d’asphyxier complètement le Synode sur l’Amazonie[4].
Aujourd’hui, beaucoup en veulent au Pape François de n’avoir pas donné au peuple d’Amazonie l’occasion de faire leur propre expérience de l’Évangile. Or, nous avons tous laissé notre égoïsme voler la seule chance qui leur a été offerte de faire leur propre expérience de Dieu.
Les conservateurs, par leur manque d’empathie, ont oublié que le peuple amazonien ne cherche pas une forme inférieure du sacerdoce. Ils ne veulent peut-être qu’un modèle qui tient compte de leur identité et réalité.
Les progressistes ont aussi péché grandement par leurs intentions cachées de se servir du synode d’Amazonie pour promouvoir leurs propres projets. Aujourd’hui, je vois les gens qui considèrent le texte du Pape François comme un instrument destiné à leurs propres Églises[5]. Pour ces derniers, l’échec du synode sur l’Amazonie n’est pas lié au fait que tous ensemble, nous avons ruiné un projet divin qui aurait permis à ce peuple de faire leur propre expérience de Dieu, mais le fait que cela ne nous est pas permis de concrétiser nos propres intérêts[6].
Donc, à chaque fois qu’il vous arrive de penser que le document du Pape François, « Chère Amazonie » est une occasion pour votre Église locale de se réinventer[7], ou d’inventer une nouvelle forme de vie religieuse[8] ou un autre modèle de sacerdoce[9], faites un « mea culpa ». À chaque fois que vous vous dites d’avoir sauvé l’Église de la main d’un groupe voulant la corrompre, faites un « mea culpa », car cela est la preuve que nos amours-propres ont eu les derniers mots sur la seule occasion que ce peuple qui ne s’est jamais opposé aux différents développements que nos Églises locales ont connus. La réussite ou l’échec de ce dernier synode devrait collectivement nous interpeller, puisqu’une fois de plus, nous avons échoué de mettre à côté notre égoïsme.