C’est vrai que l’expérience est l’une des choses qu’on ne cesse jamais d’acquérir mais sur la Côte-Nord on doit s’attendre à vivre de nouvelles expériences à chaque jour. J’étais habitué à entendre la chanson «White Christmas» mais jamais de «White Easter» jusqu’à mon dernier séjour à Nutashkuan pour les célébrations de la semaine sainte.
Je suis arrivé à Nutashkuan mercredi saint le 1 avril 2015 pour assurer la présence du prêtre dans cette communauté innue. En compagnie de Sr Ghislaine Charland CND, nous avons visité les malades dès le lendemain de mon arrivé. Une partie de la visite était effectuée dans la matinée et les autres dans l’après-midi. Ce qui fût pour nous un véritable moment de communion avec des membres de la communauté qui pour des raisons de santé étaient dans l’incapacité de nous suivre en personne dans les célébrations communautaires. Pendant ce temps de visite, j’ai mieux compris pourquoi la communauté chrétienne de Jérusalem tenait à ce que la communion soit aussi portée aux membres qui sont dans l’incapacité de participer physiquement aux célébrations eucharistiques.
Jeudi Saint, lors de la célébration de la Cène du Seigneur, treize jeunes ont reçu leur première communion au cours d’une célébration exceptionnellement émouvante. Et le Vendredi saint, nous avons célébré la Passion du Seigneur à 3 h et puis à 7 h, nous nous sommes encore retrouvés pour la prière du chemin de croix. Avec la participation de plusieurs membres de la communauté, nous avons passé un Vendredi Saint parfait.
Ensuite, le Samedi Saint, à 20 h, nous avons célébré la Veillé Pascale et la résurrection de Notre Seigneur Jésus Christ. Cela fut une célébration magnifiquement priante. Il était annoncé qu’on devait avoir quelques centimètres de neige le samedi et donc, tout en gardant les célébrations priantes et le moins compliquées possible nous avons permis à nos fidèles de se rendre chez eux avant que la neige ne leur bloque la route. Et heureusement, les gens ont eu assez de temps pour arriver chez eux avant qu’il y ait une panne majeure d’électricité dans tout le village de Nutashkuan.
Réveillé très tôt le matin de Pâques pour allumer le feu dans mon poêle, je me suis rendu compte que la petite neige annoncée pour la nuit s’est transformée en une tempête de 25-30cm. Et donc, j’ai dû commencer la journée avec le déneigement de l’entrée du presbytère. Et à cause de la panne d’électricité qui n’était pas encore réglée et la neige accumulée, la messe Pascale n’a donc pas eu lieu le matin de Pâque comme prévue et mon retour à Mani-Utenam fut reporté jusqu’au lundi de Pâque parce que la route était toujours bloquée par la neige. Plus tard dans la journée, Cela m’a permis de participer au repas de Pâques des Ainé(e)s à Nutashkan.
Enfin, j’ai dû apprendre que dans certains endroits de nos territoires de mission, l’eau du robinet peut se geler à certains moments de l’année et qu’une panne d’électricité peut aussi arriver selon que le climat se change. Mais la joie du peuple de Nutaskan m’a aussi montré que la joie d’un peuple n’est pas directement liée aux besoins matériels ou encore au changement climatique.
Ali C. Nnaemeka OMI