Plus on croit que les politiciens occidentaux sont sages, plus ils vous surprennent avec leur sortie coloniale, dominatrice et maladroite, indépendamment de leur parcours politique. Pourquoi semblent-ils perdre le contrôle une fois leur avion se pose sur certains continents ? En effet, on peut pardonner Nicolas Sarkozy et ses semblables qui, pour des raisons historiques, croient aveuglement à la perpétuité de l’hégémonie européenne au point de penser que l’Afrique n’est même pas encore entrée dans l’histoire, mais quand c’est Barack Obama et Justin Trudeau, on reste sur sa faim. En les écoutant, on a envie de se demander ce qu’éloignent les Occidentaux des vrais problèmes africains. Depuis, l’Antiquité, l’Afrique a toujours été cette terre moins connue, mais la plus «comprise» de tous. Tout le monde se permet de s’y prononcer à tort et à raison. Pour parler de la Côte-Nord, on cherchera un spécialiste, mais quant à l’Afrique, il suffit de trouver n’importe quel touriste qui aurait été une semaine à Bobo-Dioulasso. Doit-on penser que les chefs d’État occidentaux se basent aussi sur des tels informateurs
pour préparer leurs discours sur l’Afrique ? Pourquoi passent-ils toujours à coté des vrais problèmes de l’Afrique ? En juillet 2015, lors de sa visite historique en Afrique, Barack Obama a eu l’occasion de parler aux Présidents et aux sociétés civiles africaines. On s’entendait à ce qu’il puisse parler des réalités africaines, mais comme tous les autres « sauveurs occidentaux », il a déraillé en centrant son discours sur le droit des homosexuels. Justin Trudeau, qu’on croyait aussi diplomatiquement informé à la seule occasion qu’il avait pour séduire l’Afrique après la déception causée par le triomphe inattendu de Donald Trump, s’est aussi laissé prendre par le piège du journalisme populaire.On se demande donc s’ils sont mal conseillés ou s’ils sont ignorants des vrais problèmes de l’Afrique? Qui leur a dit que le traitement des LGTBQ est un enjeu crucial en Afrique ? En réalité, si ce problème se pose en Occident aujourd’hui, c’est parce que l’Occident a résolu les problèmes pressants de son peuple. Pourquoi donc pensent-ils que les villageois qui ont faim se posent la question de qui est « queer » ? Ou que les pays déchirés par la guerre civile se posent la question sur l’orientation sexuelle ? Ou que des jeunes désespérés se préoccupent de qui est homosexuel ou hétérosexuel ? Mais avant de conclure que je n’ai pas de respect pour telle ou telle autre orientation sexuelle, prenez le temps d’abord de comprendre mon souci.Un politicien avisé sait sur quelle corde sensible frapper s’il veut se faire écouter. Il semble alors qu’ils veulent tous seulement faire plaisir à leurs propres citoyens. En effet, si Justin Trudeau avait l’intérêt de l’Afrique au cœur, il aurait pensé lancer un message fort aux pays francophones de l’Afrique qui sont les plus mal côtes du continent au niveau du développement, de la paix, de la démocratie, de la bonne gouvernance, de l’accès au soin et à l’eau potable, etc. Il aurait réussi à parler aux Africains et non aux Canadiens et aux Occidentaux car un discours sur les droits des LGTBQ n’a aucune utilité aux Congolais qui son massacrés en milliers au Nord Kivu, ou à ces mineures Centre Africaines violé es par les soldats. À quoi sert le discours de Trudeau à ces pauvres Malgaches oubliés dans leurs rizières par le gouvernement d’Antananarivo ? Les situations inacceptables qui minent la population africaine sont innombrables, mais il semble qu’il est plus facile de parler de l’orientation sexuelle que de chercher à tenir un langage pouvant créer un malaise entre des leaders occidentaux et leurs homologues africains. Il est donc temps pour les leaders occidentaux d’arrêter de se prendre pour des donneurs des leçons dans leur relation avec les Africains.
Publié premièrement sur Le-Nord-Côtier, le 7 Décembre 2016, P.6.