Le futur de la mission dépendra de notre capacité, littéralement et figurativement, de tisser un bon réseautage. Car si une Église « poste Covid19ième » doit fleurir, elle aura besoin de renforcer la qualité de ses communications ad intra et ad extra. D’abord, elle doit s’assurer que son réseau intranet(work), ad intra est à jour pour pouvoir se brancher au réseau internet(work), ad extra.
Car, si elle reste fermer sur l’intranet(work) (elle-même), elle s’étouffera et deviendra rapidement obsolète et boguant. Et pire encore, si le pasteur ou le curé continue, après ce temps de pandémie, de se croire indispensable; si le leadership n’apprend pas à cultiver la collégialité, et la division du travail; si une communauté continue à se battre pour faire l’Église au lieu d’être l’Église, ou si elle continue à se croire autosuffisante ou essaie encore de trop exalter son unicité, etc., elle finira par devenir un musée dans un avenir proche. C’est un un temps de grâce qui nous est donné pour s’ouvrir à nos autres frères et soeurs humain. Une Église qui se dit vivante doit apprendre désormais à travailler, non seulement avec d’autres communautés de foi, mais aussi même avec les non croyants ou non pratiquants. L’humanité est à reconstruire et ce ne sera évidemment pas par division qu’on le fera.
Mais si elle se tourne aussi sans réserve sur l’internet(work) (l’extérieur), elle perdra son identité et se dispersera dans les superficialités. Si elle continue à miser seulement sur sa vie sacramentelle en oubliant de se soucier des pauvres de son milieu, ou à ignorer le cri du cœur de ses enfants; si elle continue à porter des projets désincarnés de son temps, de chercher à tout prix à protéger l’institution au détriment de la communauté vivante, etc., elle finira par perdre son arme et toute sa jeunesse.
L’Église ne doit pas non plus oublier que le Covid19 nous a donné une occasion de revoir notre évolution comme communauté humaine. Elle ne doit pas aussi prétendre ignorer que ce temps a, d’abord, exposé l’hypocrisie de notre société dite civilisée. Dans un espace de quelques mois, on sait rendu compte que des métiers longtemps pensés indispensables sont, au fait, banals, sinon moins importants que les autres. Beaucoup de lieux pensés essentiels ont été reconnus, malheureusement, non essentiels, y compris nos lieux de cultes. Et pendant que le cri du cœur des pauvres et nécessiteux se faisaient ressentir de partout, nous croupissions dans nos milieux de confinement en attente de l’ouverture de lieux traditionnels de nos rencontres ecclésiales. On peut bien faire comme si l’on est à l’écoute du temps, mais la vérité en est que les domaines qui nous permettaient de faire l’Église se sont démontrés inadéquats.
Et comme pour nier les faits, tant de personnes se sont lancées à l’opération de sauvetage. Les initiatives (évidemment sans arrière-pensée) se sont multipliées à la hâte, et des ajustements se sont faits pour garder le cap. Mais, contrairement à ce qu’on pouvait croire, beaucoup de ces arrangements ne visaient pas, toujours, l’épanouissement de l’autre, mais sont nés du désir d’être à la hauteur et de garder le contrôle sur les événements.
En outre, il y a eu aussi un autre comportement inverse qui semblait innocent, mais qui ne l’était pas du tout. C’était une forme de tentation qu’ont eue certains responsables de groupes, surtout des pasteurs des âmes. Ces derniers ont prétendu avoir lâché prise. Ils se sont dit avoir laissé les gens décider eux-mêmes ce qu’ils voulaient vivre. Pourtant, c’est l’incapacité d’avoir un contrôle total qui les a poussés à démissionner. Ils ne le diront jamais en ces termes, mais sachant qu’ils n’auront jamais abandonné si les choses pouvaient fonctionner selon leurs souhaits, il est donc évident que leur décision n’était pas si innocente.
Comme le Pape François le dit souvent: « Ce que nous vivons n’est pas simplement une ère de changement, mais plutôt un changement d’ère. ». Ce à quoi fera face l’Église post covid19iènne ce ne sera pas un changement du système de communication, mais plutôt une refonte totale de sa compréhension de l’interconnectivité. Ce sera un moment d’arrêter de chercher à ressusciter les morts, pour ensuite trouver les façons de faire évoluer les vivants, car l’Église n’est pas une structure morbide, mais un peuple en marche et une communauté en pèlerinage. Arrêtons alors de faire l’Église et soyons donc l’Église!
Note
Ad Intra = « à l’intérieur de »
Ad Extra = « à l’extérieur de »
Network = « réseautage ».