Samedi 22 août, Mathilda Vollant
L’alarme sonne à 4h am, encore clouée au lit un bon 10 minutes pour que je décide enfin de m’habiller. Je fais ensuite mon sac de portage pour l’amener sur le bord du chemin de fer que le train prendra au cours de la journée. 2 tasses de café, déjà que je suis hyperactif, faut bien que je me réveille comme il faut! Une prière comme à chaque fois avant de prendre la rivière, j’embarque dans mon canot et j’admire chaque instants ici, mon vrai chez-moi.
Notre aventure tire bientôt à sa fin, le vrai portage commence enfin. Un portage qui était supposé nous prendre 5h mais qu’au final nous a pris 7h. Je portage le sac personnel de mon ami Jaysun, je lui devait bien ça, après tout. Je suis en back-up, et des fois, je suis devant pour guider celle qui portage le canot. 3 filles, un canot, 2 sac de portage. Mélodie et Kelly portagait le canot à tour de rôle. Je n’avais pas assez confiance en moi pour le portager aussi..
Rendu à moins d’un kilomètre de la Mishta Shipu, mes deux coéquipières m’encouragent de portager le canot jusqu’à la fin de notre parcours. J’y accepte et je suis étonnée qu’il soit pas si lourd que ça! Et pour mettre un peu d’humour, je leur lance : “j’aurai dû donc le portager depuis le début!”
Enfin arrivée sur le bord du Mishta-Shipu, on attend les autres membres de notre équipe. 30 minutes passées, ils arrivent. On embarque alors sur la rivière, encore un dernier 30 minutes de canotage. Sur le bord, des gens de la communauté nous encourage à partir de leur chalet! C’était tellement beau à voir. Presque rendu au débarcadère de Shipit, j’entends ma grand-mère crier mon surnom ! « Mathil… Mathil, Mathil » c’est là que je fonds en l’armes, moi qui disait plus tôt que je ne pleurerais pas ! Je débarque immédiatement et je cours enlacer ma grand-mère, ma mère et ma meilleure amie Rosa. C’était une journée beaucoup trop remplie d’émotions! Je m’en souviendrai toujours.
J’ai appris beaucoup de choses, autant sur moi-même, sur notre territoire, sur mon histoire, sur ma culture – innu-aitun, et sur ma langue – innu-aimun. J’étais partie pour mieux revenir, et je suis revenue avec les épaules beaucoup moins lourdes et la tête, très haute.
Chaque matin avant d’embarquer sur nos canots, je priais pour que mon grand-père Bobby soit derrière moi et me protège sur la rivière. Merci à toi, j’en suis sure que tu dois être plus que fière de moi de là-haut, je retiens ma force de toi, je ne m’en doute pas!
Pour lire Le Jour du Makushan