Tempus fugit, une flèche sur la main d’un chasseur valeureux
Et « tempus lentus est », tel un escargot chassé par un moineau
Mais de quoi dire de l’expérience d’un simple trajet qui dure l’éternité ?
Quand le temps, dans toute sa férocité, parait-il, finalement, a perdu sa vélocité ?
Le temps, me semble-t-il, disons la vérité, ne contrôle vraiment rien
Et les humains, pour moi, dans leur sagacité ne le saisissent pas assez bien
Car, lorsque la providence reprend le guidon secret du voyage sur terre
Tous nos cris plaintifs du cœur ne touchent plus personne même pas nos mères
Or ces altiers humains continuent toujours de se dire « les maîtres de l’univers »
Même quand ils savent très bien que beaucoup de choses leur passent à travers
C’était un humble avis d’un missionnaire noir à tous les pèlerins et mystiques
S’ils pensent suivre le chemin tracé autrefois par les Innus au cœur de la forêt nordique
Car partir en voyage à bord de Tshiuetin, ce train du Nord, n’est pas toujours facile
Vu que chaque tentative de maîtriser sa durée invariable s’avère toujours très difficile
Et même si l’on peut, avec exactitude et beaucoup de sacrifice, contrôler son départ
Le reste de ce pèlerinage, à travers le territoire innu, demeure un mystère à nos simples regards
Mais au cœur de nuitshimit, notre peuple se souvient encore que le temps c’est nous
Et c’est pour nous, disaient-ils toujours, ces perspicaces et heureux ancêtres, qu’est fait, le temps
Donc, soit qu’il fuie ou qu’il dorme, nous respecterons toujours le cours du temps, pourtant
Car, tous, nous appartenons indiscutablement à seul et le clairvoyant Tshishe-Manitou
Voilà pourquoi nous disons sans équivoque qu’au Nord, « tempus non movet, movemus » !